Scénario

Une plante pousse dans le néant. Pendue sur le bout de sa tige, une chrysalide s'ouvre doucement. Un beau et lumineux papillon vient de naitre et vole en nous conduisant à la rencontre d'un jeune couple d'amoureux qui discute paisiblement à coté d'un ruisseau, dans le calme d'une belle prairie. Ils sont allongés sur l'herbe et pendant qu'ils parlent, le garçon masse la tête de sa compagne qui à l'air de vouloir s'endormir.

Lui: ...Mais cette idée du temps opportun, elle a plutôt à voir avec le niveau d'éveil ou de conscience que l'on a de chaque instant. L'action précise dans le moment correct. Ne jamais quitter notre tâche sous peine de laisser passer le kairos et de voir l'œuvre gâchée...comme si l'on était des semi-dieux!

Elle: … C'est clair, on ne peut pas être inspiré tout le temps...déjà il nous faut la bonne disposition de choses, le calme de savoir qu'on a tout le temps pour nous, pour créer...

Lui: Mais si l'on n'est pas tout le temps inspiré, lorsque ça arrive, quelle est ce sens en nous qui nous rend plus ou moins aptes à saisir l'inspiration? Toi par exemple, qu’est ce que tu ressens quand tu danses?

Elle: mmm...pour moi...c'est un mystère....Des fois, c’est comme si je rentrais en transe. Je suis comme une marionnette et ce n’est plus moi qui décide… Je ressens une force puissante, comme de l’énergie de plusieurs présences qui se manifestent en moi…

En finissant cette phrase, la danseuse tombe endormie et fait un long rêve.

Dans son rêve c'est l'aube. Le soleil se lève à peine et tout semble calme et paisible dans la prairie. Avec les premiers rayons du soleil, le ruisseau amène sur son lit le corps presque transparent d'une présence féminine aux cheveux extrêmement longs. Unu, l'esprit de l'Eau, arrive endormie sur les eaux du ruisseau.

Soudain, un léger tremblement de terre surprend la prairie et réveille Unu. Elle ouvre les yeux, prend son souffle et se lève doucement aidée par les vagues pour mieux regarder ce qui se passe de l'autre côté de la rive.

C'est sa sœur Onaya, l'esprit de la Terre, qui arrive en essayant de se frayer un chemin à travers la végétation, sans faire trop de bruit. Elle accélère la marche comme si elle était pressée par quelque chose. Lorsque finalement elle s'arrête et décide de sortir d'entre les plantes, sa sœur Wayra, l'esprit du vent, apparaît et la salue avec une grande rafale de vent.

Les heures s'écoulent pendant que les trois sœurs se rencontrent. Elles jouent, dansent, rigolent et communiquent entre elles à travers leurs éléments. Le soleil brille intensément dans le ciel. Wayra demande gentiment aux nuages de s'écarter afin de laisser passer le soleil. Sa sœur Rawa, l'esprit du feu, arrive avec le soleil.

Voilà que les quatre sœurs sont réunies pour nous faire témoins du secret de cette prairie. Une à une elles sont emportées par les faisceaux de lumière du soleil. En utilisant l'énergie de ses cheveux, Rawa attire d'abord Wayra vers le haut. Onaya aussi est emportée par les faisceaux de lumière de Rawa, Unu suit en dernièr, propulsée de l'eau jusqu'à arriver très haut dans le ciel.







Les quatre sœurs volent dans le ciel en formant une spirale. Elles se prennent par les pieds les unes aux autres. Les lignes de leurs cheveux, pieds et mains commencent à se mélanger; à se diluer, comme si elles se fondaient les unes avec les autres dans cette spirale lumineuse qui rétrécit de plus en plus jusqu'à former un orifice de lumière.

Juste avant de se fermer, le point de lumière génère une force centripète qui absorbe la scène en entier. D'abord, les nuages sont absorbés, puis les montagnes, les arbres et les plantes, et finalement l'eau.

Après ce trajet à grande vitesse aux profondeurs de l'orifice de lumière, on est en terrain inconnu pendant quelques secondes. Jusqu'au moment ou des centaines d'algues lumineuses émergent du sol au rythme des accords d'une musique magique. Parmi la mousse et les algues, la silhouette d'une danseuse commence à se révéler petit à petit. Elle danse avec grand plaisir et élégance. On ne peut pas voir son visage, mais l'équilibre dans ses mouvements et l'harmonie de sa performance nous font penser au vol de Wayra, ses cheveux longs et ondules nous rappellent ceux de Unu, son rythme, sa grâce et son parfum sont pareils à ceux de Onaya et le charme et le feu de son art sont certainement influencés par Rawa.

La silhouette de la danseuse s'éloigne progressivement avec le brouillard de l'éveil. Le rêve arrive à sa fin et le jeune couple commence à se réveiller. Ils ouvrent les yeux et s'étirent lentement pendant que le papillon apparaît, en laissant derrière son vol une trainée noire qui couvre la scène en entier.


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